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« Aujourd’hui, un orage c’est 100 mm sur un week-end »

Sur l'exploitation d'Antoine Peenaert, 400 mm de pluie s'est abattue en dix jours à la fin de l'année 2023.

Antoine Peenaert a été victime des inondations de la fin d’année 2023. Il témoigne de la prise en charge de sa situation.

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Antoine Peeanaert est agriculteur dans le Calaisis (Pas-de-Calais) à une dizaine de kilomètres du bord de mer. Son exploitation a été frappée par les inondations de la fin d’année 2023. « J’ai eu 400 mm en dix jours, se souvient-il. Nous n’avons pu resemer qu’au mois d’avril ».

Pas de question de semer de l’orge ou du maïs, Antoine choisit de semer davantage de lin. « J’ai laissé des parcelles où j’ai récolté 65 quintaux au lieu de 95 quintaux. Les bons champs ont compensé les mauvais. L’assurance ne s’est pas déclenchée car j’étais sous les seuils de pertes », explique-t-il amèrement.

Même après la réforme, Antoine estime que les coûts de l’assurance récolte restent encore trop élevés par rapport aux sommes dédommagées. « Le système fonctionne bien mais plutôt pour un jeune qui s’installe qui n’a pas les capitaux pour compenser une année où il va faire du déficit, justifie-t-il. En régime de croisière, il serait logique que l’on puisse mettre de côté pour les années où ça ne va pas (lire aussi pages 46-47). La meilleure assurance, c’est la diversification de l’assolement ».

Dispositifs de soutien

La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle a permis de déclencher la reconstruction des bâtiments endommagés. Dans ce cas la déclaration de sinistre est à effectuer dans les 30 jours aprés la publication du décret de reconnaissance (cf tableau ci-dessous de synthèse des démarches en fonction des mécanismes activés).

Type de dommagesDégâts assurablesDégâts non-assurables
Dommage aux cultures
Ex : perte de récolte
Dommage aux biens
Ex : bâtiment, cheptel
Perte de fonds
Ex : vergers, certains tunnels maraîchers
Démarches1 - Déclaration du sinistre à l'assureur - interlocuteur unique (si non assuré) - dans les cinq jours ouvrés

2 - Expertise de l'assureur
1 - Reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle par décret interministériel

2 - Déclaration de sinistre à l'assureur sous 30 jours après publication du décret

3 - Expertise de l'assureur
1 - Reconnaissance de l'état de calamité agricole par le ministère de l'Agriculture

2 - Dépôt de dossier de demande d'indemnisation à déposer sous 30 jours auprès de sa DDT
Indemnisation1 - Indemnisation via l'assurance jusqu'à 30 % de pertes en arboriculture et prairie et jusqu'à 50 % de pertes en grandes cultures

Points de vigilence :  franchise et éventuelles garanties complémentaires définies dans le contrat d'assurance

2 - Indemnisation par le fonds de solidarité national au-délà de 30 % de pertes en arbo et prairies et 50 % de pertes en grandes cultures

Points de vigilence : indemnisation de 90 % des pertes totales pour les assurés contre 35 % (en 2025) des pertes au delà de 30 % en arboriculture et 50 % en grandes cultures pour les non-assurés
1 -Indemnisation par
l'assurance

Points de vigilence : franchise définie et normée par l'Etat
1- Indemnisation par le Fonds
national de gestion des risques agricoles (FNGRA)

Points de vigilence : seuil de perte et pourcentage de prise en charge définis par arrêté

Les exploitants des communes reconnues ont aussi pu bénéficier d’une exonération de leur taxe sur le foncier non bâti (TFNB) et d’une aide via FranceAgriMer pour le rachat de matériel agricole. « Les reports de cotisations MSA ont été obtenus au cas par cas, surtout pour les maraîchers qui n’ont pas pu bénéficier des calamités agricoles », complète Antoine Peenaert.

L’État a également débloqué une aide à la trésorerie pour les plus sinistrés. « La Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) a pris le temps de nous accompagner, souligne-t-il. Cette entrée d’argent a permis de régler certaines factures d’électricité ou de gasoil imprévues dues au pompage ».

Changement de pratiques

« À l’époque de mon père, un orage de novembre c’était 30 mm. Aujourd’hui, c’est 100 mm sur un week-end ». Bien qu’il fût moins grave, l’épisode pluvieux s’est répété l’hiver dernier. « Le coup d’eau est tombé plus tôt, les agriculteurs du Calaisis avaient encore des hectares de pommes de terre et de betteraves non récoltés ».

Scénario inverse en début d’année. « Depuis le mois de février, je n’ai eu que 30 mm, raconte Antoine Peenaert. L’eau ne tombe plus de façon bien répartie. S’il fait chaud cet été, les orages seront plus intenses et viendront mourir à partir du 15 septembre alors que les betteraves, les pommes de terre et le maïs ensilage seront encore en culture ».

Dans son secteur, les agriculteurs misent sur des variétés plus précoces et sur des aménagements en hydraulique douce (implantation de haies, les engrais verts, etc). « Mais avant de faire des zones d’expansion de crues, il faut entretenir les cours d’eau qui amènent à la mer », rappelle Antoine Peenaert.

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